Lycées professionnels: Mieux préparer au monde du travail et au
devenir des futurs citoyens.
Dans les années 70 on pouvait lire, pour contester l'assimilation des ancêtres des LP à l'usine "Le CET
c'est déjà l'usine". Aujourd'hui les enseignants inquiets pourraient dire: le Lycée professionnel ce n'est que pour l'usine.
Si à l'époque les cadences et l'autoritarisme étaient critiqués, aujourd'hui c'est plutôt un
Lycée au service exclusivement de l'entreprise qui suscite la méfiance. C'est bien le point principal de contestation de la réforme annoncée du Lycée professionnel.
L'objectif du président de la République, est de parvenir au plein emploi à la
fin de son mandat. C'est un objectif qui doit être partagé. Beaucoup de présidents en ont rêvé de F Mitterrand, et son "On a tout essayé sur le chômage", à F Hollande promettant
simplement une "inversion de la courbe". C'est un horizon possible.
A quelles conditions? Comment faire dans les Lycées professionnels? C'est l'objet de la réforme en cours:
Un ajustement permanent aux besoins des entreprises locales? J'en regarderai 4 aspects:
+ Augmenter la durée des stages des lycéens professionnels d'au moins 50%
en trois ans, ce qui réduirait de fait les heures d'enseignement général. C'est un point d'achoppement central. Ce n'est pas temps la durée qui compte que ses conséquences redoutées: un LP au service
de certaines entreprises.
Les stages en entreprise sont une nécessité, le problème est de savoir au bout du
compte qui évalue les élèves et qui octroie l'examen? Le problème est aussi de savoir quelle place est laissée aux enseignements généraux et avec quel coefficient aux examens. L'objectif des LP est
ici pointé. Ils ne peuvent former à un métier précis mais doivent rester un lieu de formation initiale. C'est en cela qu'ils doivent se différencier de
l'apprentissage.
+ Rémunérer ces stages et adapter les formations en fonction des besoins
locaux. Une rémunération qui ne soit pas un "pourboire “est nécessaire et attendu par les élèves. Ils rendent un vrai service. Cette rémunération ne saurait valoir contrat de travail. Si la
connaissance des besoins locaux et la mise en place de filières qui y correspondent est une nécessité, le libre choix des jeunes à l'issue de l'enseignement en LP doit être
garantie par une formation qui permette à la sortie un éventail de possibilités.
+ La fermeture de certaines filières "qui ne correspondent plus aux
besoins", selon le chef de l'Etat. C'est à voir au cas par cas en se mettant en adéquation avec une vision exacte de ce qu'il est pertinent de mettre en place. L'éducation nationale a eu
souvent un temps de retard sur ce plan en laissant prospérer des filières "refuges “sans avenir. Ce fut la cas des sections secrétariat durant une période. Par contre les filières "chaudronnerie"
furent fermées alors que des études sérieuses avaient montré que c'était une erreur.
Une planification précise doit être mise en place avec un service d'orientation qui soit un véritable outil personnalisé
d'accompagnement.
L'enseignement professionnel est un enseignement initial qui forme des jeunes qui auront besoin de s'adapter pour exercer un métier dans une filière déterminée. Si la
filière est choisie en amont par les jeunes, le métier exercé ne l'est pas encore.
Cela implique de refuser un enseignement qui soit trop spécialisé.
C'est donc que les LP ne sauraient fonctionner sur le modèle de l'apprentissage.
L'enseignement dispensé, avec des séquences de culture générale ainsi que d'éducation à la citoyenneté, devra permettre à la sortie, de prétendre à tout un éventail de métiers pour peu
qu'une décentralisation pertinente et qu'une orientation refondée soit au rendez vous de la réforme en cours.
"Pas touche au lycée
Pro" disait une pancarte, lors de la dernière manif. Mais il n'y a aucun besoin de conservatisme même s'il pourrait parfois
être rassurant. Ce n’est pas la fin des LP, à condition qu’Is ne soient pas une solution par défaut et qu'ils préparent mieux au monde du travail
et au devenir des futurs citoyens.
Jean
Claude Hiquet. 2-11-22