Les mesures ATAL : Un pas décisif si……
C’est la première fois, depuis la réforme Haby, et celle des lycées professionnels de 1975 qu’un ensemble de mesures touche l’éducation
nationale, non plus dans son fonctionnement général, mais dans les classes même. On est au début d’un processus qui peut soit enthousiasmer et fissurer un système bureaucratique et
centralisé soit provoquer des réactions conservatrices que l’on voit poindre déjà.
En effet les mesures annoncées font leur entrée dans la classe même.
Ce fut le cas en 1975, quand à mes débuts, on vit passer le temps des élèves en Français de 5h à3h. Calamité, honte as-t-on
dit avec tous les syndicats. On s’était trompé. Pour les profs il y avait toujours 5h mais 2/3 de l’horaire en demi classe. Dans cette configuration le climat de classe avant changé avec une
participation accrue et une connaissance pointue des difficultés rencontrées par chaque élève. Très rapidement ces mesures furent acceptées.
Aujourd’hui, une des mesures emblématique, consiste à organiser des groupes de niveaux en Français et en Maths. Ce n’est pas
la fin du collège unique comme on l’entend mais des garanties de progrès pour tous quel que soit le niveau de départ. C’est en tout cas une condition nécessaire.
Dans ma carrière et les multiples conseils de classe auxquels j’ai participé, s’il y a une expression qu’on entendait presque en
permanence, c’est ce regret exprimé par les professeurs constatant la faiblesse du niveau des élèves : « c’est une classe beaucoup trop hétérogène pour progresser ». Les
mesures actuelles sont connectées à la réalité du vécu des enseignants.
Il en est de même de nombre de dispositions qui sont proposées :
- Le redoublement possible décidé par les enseignants. Ce sont les enseignants qui évaluent, pas les parents. Il
est ahurissant de voir des parents sermonner des enseignants au sujet de leur pédagogie. « L’instruction » et l’évaluation sont du seul domaine des enseignants. C’est
« l’Éducatif » qui est partagé.
Redoubler évite de plonger dans un retard jamais rattrapé.
- Une plus grande place à la culture générale. C’est un point essentiel qui peut permettre à certains élèves de
dépasser des inégalités imposées par la naissance. Il est souhaitable ici qu’une grande liberté soit laissée aux enseignants en particulier avec un accès aux possibilités locales: Médiathèque, expos…
etc.
- Une réforme du brevet dont l’obtention devient obligatoire pour l’accès au Lycée. Et pourquoi pas ? Ne
peut-on pas éviter la situation de ces élèves qui ne suivent plus en seconde dans des classes surchargées ? Et qui par la suite se trouvent marginalisés à l’école ou qui font parti des trop
nombreux jeunes en échec scolaire et bientôt social.
Une classe passerelle appelée « prépa-Lycée » sera prévue pour rattraper le retard.
- Et comme ce fut réalisé dans les landes il y a 30 ans avec l’opération « Un ordinateur pour tous » G Atal annonce « Tous les
élèves entrant au Lycée seront désormais accompagnés, à la maison, d’un outil d’IA de remédiation ou d’approfondissement en Français et en Mathématiques ». Il a été confirmé que
ce logiciel serait mis gratuitement à disposition de 200000 élèves de seconde avant d’être généralisé en septembre.
- Pour les Lycées professionnels, devant l’émotion suscitée par la réforme de 2021il a été indiqué : « le volume des
enseignements généraux sera renforcé en terminale. Les cours de Maths et de Français en seconde et première se dérouleront en petit groupe. Des leçons ont donc été
tirées.
Il convient de se réjouir de ces premiers pas même s’il est de bon ton à gauche de d’opposer à tout pour faire radical. La gauche ferait bien
de s’occuper des conditions du progrès des élèves, même s’il faut bousculer des idées reçues.
Il est vrai que cet ensemble nécessitera des moyens. On ne les perçoit pas suffisamment même si le ministre souhaite que
l’état finance " un manuel de lecture et un manuel de Mathématiques en CP et CE1".
Il reste beaucoup à faire pour rendre attractive la fonction d’enseignant en reconnaissance et en salaire. Il reste beaucoup
à faire pour éloigner notre système éducatif des évaluations permanentes et pour faire entrer dans les mœurs que l’école avant 6 ans, doit comme dans les pays nordiques apprendre la vie collective et
le respect. Jean Claude Hiquet 26-12-2023