Assemblée nationale: Batailles de boutiquiers. Le groupe le plus responsable gagnera les
prochaines législatives
Qui a gagné? Macron de façon relative.
Le groupe "Renaissance" n'a pourtant pas crié victoire il pensait à une majorité absolue pour
le Président.
Tous les autres groupes ont dit leur satisfaction, malgré des résultats très
faibles, hormis l'extrême droite qui la joue en discrétion et qui a pourtant multiplié par 10 le nombre de ses députés. Il ne faut pas faire peur et se crédibiliser pour
une alternative.
Pour ce qui est de la gauche le Sénateur Malhuret
indique "D'autres croient avoir gagné parce qu'ils n'ont pas compris qu'ils avaient perdu". La gauche NUPES est sévèrement battue (Le pire résultat en siège sous présidence
adverse depuis 1945) mais, elle dit le contraire.
Une assemblée inédite sous la 5ème République
En tout cas, on dispose d'une assemblée inédite sous la 5ème République, exception faite pour M Rocard 1er
ministre en 1988. C'est au cas par cas, texte après texte, qu'il faudra trouver un compromis.
Mais c'est bien la première fois que les 2 oppositions principales, se trouvent aux extrêmes avec, pour gouverner, des difficultés à "géométrie variable" selon les
circonstances.
L'extrême droite qui fait assaut de cravates et d'exemplarité, en quête de
respectabilité est prête à des compromis, mais personne ne voudra être accusé d'obtenir la majorité avec les voix du
RN. Sans confondre des périodes, ni faire des associations déplacées tout cela fait penser à cette phrase d'A Camus: "Faites
attention, quand une démocratie est malade, le fascisme vient à son chevet mais ce n'est pas pour prendre de ses nouvelles"
De l'autre côté de l' échiquier la FI a fait main basse sur la gauche avec la NUPES. Une bataille sans merci est engagée à l'assemblée. Tout est sujet à
polémique, de la valeur du SMIC aux cravates indispensables ou pas. Il faut faire du bruit, se montrer aux médias et à l'assemblée "la fin justifie les moyens". Tout sujet est
un motif pour mettre en cause le Président. Même la commémoration de la rafle du Vel' dhiv de 1942 en a été l'occasion. Je ne suis pas sûr que ce populisme là, ait une efficacité pour
convaincre.
D'ailleurs selon les sujets, ça tangue dans la voilure NUPES. Personne n'a voulu
d'un groupe unique, 5 députés socialistes n'ont pas voté la censure, et sur le pouvoir d'achat beaucoup d'abstentions. Les amendements proposés qui sont directement le programme de JL Mélenchon sont
de moins en moins acceptés.
Il est fort dommage que la gauche s'égare, et ne se focalise pas sur 3 ou 4
sujets comme la mise en place d’une conditionnalité des aides publiques aux entreprises, ou inciter les branches professionnelles à négocier de réelles politiques salariales par
exemple. Il convient aussi de contester l’allègement des cotisations sociales et la défiscalisation tout azimut qui peut, à terme, mettent en difficulté nos systèmes de protection
sociale.
Un seul sujet aurait dû unir la gauche, c'est celui d'une contribution exceptionnelle des plus hauts revenus. Contester tout, voudra dire ne contester rien, et il est à craindre que
la gauche soit absente de compromis salutaires pour les citoyens.
En réalité, c'est le populisme qui a gagné à l'aube de ce quinquennat.
Il a été majoritaire, mais fort heureusement en France il se divise en deux, celui de droite et celui de gauche.
On a vu pourtant extrême gauche et extrême droite s'applaudir mutuellement à l'assemblée. La liste de ce qui les rapproche est trop bien pourvue. On pourrait citer: la haine de l'Europe, l'anti
américanisme, Poutine et l'agression de l'Ukraine, le complotisme, le soutien aux anti vaccin, le jacobinisme et le culte du chef, la démagogie en matière économique et les retraites.
Inquiétant si une gauche crédible ne se relève pas.
Pour cela il faut arrêter de courir après JL Mélenchon. La NUPES n'est pas le Front
populaire. JL Mélenchon appelant à "une grande marche" politique, à l'automne, ne sera pas le centre de gravité de la gauche de demain. Il risque d'en être le
fossoyeur.
Pour aujourd'hui il convient d'en finir au Palais Bourbon de cette batailles de boutiquiers.
Il convient d'opposer les compromis pour l'intérêt général au "toujours plus" permanent. Il faut refuser ce programme ridicule, que serait la
radicalité quels que soient les sujets et les contenus. Construire des réponses aux défis de notre temps: la gauche sera jugée à cela. Le groupe le plus responsable gagnera les
prochaines législatives.
Jean Claude Hiquet 30-07-2022