Les 2 maladies infantiles de la gauche, "Radicalité" et "Contextualisation des problèmes", ont la même conséquence: la montée du
FN.
Il peut paraître un brin incongru, aujourd'hui de citer Lénine. Pourtant, il eut des accès de lucidité à partir de 1920, quand il
critiqua la radicalité des partis communistes refusant le parlementarisme.
Ainsi dans "le gauchisme maladie infantile du communisme" il critiqua la soi disant "pureté révolutionnaire" de ces partis qui, plus
tard, allaient imaginer la stratégie "classe contre classe" et rejeter à droite tout ceux qui n'étaient pas de leur bord.
Aujourd'hui on peut parler de "maladie infantile de la gauche", avec ce nouveau "gauchisme", sa radicalité, et sa manière de
contextualiser tous les sujets, ce qui revient à se mettre dans la situation de ne pas les traiter.
Première "maladie" d'une partie de la gauche, la radicalité.
La radicalité des attitudes, des propositions place la barre tellement haut que tout compromis devient impossible. A cet égard la
formule "Faire payer les riches" est significative. Il s‘agit de communication passe partout. Il vaut mieux avancer des dispositifs (taxes péréquations ou mesures d'équité) et
distinguer dans les profits, tous ne sont pas nocifs. Il convient d'éviter de faire croire qu'il n'y aurait que des solutions dans le "tout État", dont on sait, qu'il s'agit en fait
de défendre une bureaucratie. Cette perspective a été définitivement abandonnée un jour de décembre 1991. (Disparition de l'URSS)
Les grèves préventives sont en fait démobilisatrices alors qu'elles recherchent le contraire. Aujourd'hui la CGT
laisse "pourrir" la mobilisation des raffineries et fait même de la surenchère en appelant à de nouvelles journées d'actions. On est souvent radical pour contrer des amis de la même
mouvance. Désespérant pour des salariés.
Il y a de quoi se détacher de la gauche quand on voit aussi la NUPES doubler les syndicats par une manif
calamiteuse que l'on dit réussie. Cette situation profite au FN dont la stratégie consiste à sourire et à poursuivre sa banalisation avec la droite extrême de Zémours, servant
d'alibi repoussoir.
Ainsi la radicalité devient la boussole, depuis peu de la CGT ainsi que de la FI. On reste alors dans le discours virulent, dans le long
terme, à l'opposé du compromis et de la négociation. Ceci dit, évitons de généraliser à tous les syndicats de toutes les organisations.
Deuxième "maladie" infantile de la gauche: la contextualisation des sujets.
On pratique la politique du "tout ou rien". Au motif que beaucoup de questions interpellent le système on va tout de suite à la
contestation de la société. Comme c'est impossible à court terme, tout progrès minime se voit contesté. On ne peut changer de contexte du jour au lendemain ou parier sur "un grand soir".
On en arrive rapidement à une impasse.
Ainsi, on fait le procès de la légitimité de Macron au moindre prétexte. Et ainsi de suite, on en arrive à la 6ème
République, c'est bien évidemment sans solution immédiate. C'est donc une voie sans issues et à l'extrême droite on applaudit des 2 mains.
Par ailleurs, à l'assemblée nationale "la fin justifie les moyens". On fait dans l'invective, le bruit et le
procédurier. Le résultat est le même. Toutes les ligues ou factions d'extrême droite ont toujours eu beau jeu de critiquer le parlementarisme et d'en appeler à des solutions
autoritaires.
JL Mélenchon, comme il l'avait tenté en 2017, souhaite unifier syndicats et partis de gauche, tout étant politique.
C'est la négation de l'indispensable action revendicative syndicale autonome est contraire à toute l'histoire du mouvement ouvrier. C'est le chemin le plus court pour le
mener à l'impuissance.
La gauche a trop souvent contextualisé tous les sujets en particulier à propos de la sécurité. On a déresponsabilisé les fauteurs de
troubles en accusant leur contexte. On a ainsi offert un boulevard au FN.
On se souvient de L Jospin en 2002, affirmant qu'il pensait que la baisse du chômage entraînait mécaniquement celle de l'insécurité,
comme si un meilleurs contexte impliquait moins d'incivilités. Quelle erreur et quelle naïveté!
Dans les banlieues, les "quartiers" dit-on, on poursuit par des solutions collectives alors que les vraies solutions se trouvent
dans chaque famille et chaque personne. Jamais on a mis l'accent dans des actions autour de la "parentalité" et de l'accompagnement individualisé.
La contextualisation des sujets va jusqu'à convoquer l'histoire à la moindre grève. Selon JL Mélenchon on assiste
aujourd'hui à un "mai 68 perlé". C'est à ne rien comprendre de la période “mai juin 68" d'une part, et d'autre part, inscrire de toute force, les revendications dans le "Roman" de la gauche,
produit l'effet inverse de celui qui est recherché.
L'effet inverse c'est l'inexorable montée du FN.
5 ans pour se ressaisir à gauche. Le temps presse, pour abandonner des postures
idéologiques et retrouver une gauche responsable, donc refondée.
Jean Claude Hiquet 25-10-2022