2020. L'archipel de la gauche. Comment retrouver la gauche perdue?
En cet été 2020, on est à moins de 2 ans de la
présidentielle. La gauche qui aurait dû changer de logiciel après le bigbang de 2017, a poursuivi dans les mêmes
travers. Ils se sont même aggravés au fil des consultations. Aucun ensemble cohérent avec des
propositions percutantes, n'est venu troubler une dégradation qui fait ressembler le paysage politique à gauche à celui de 1958. Il n'y avait plus que boutiques et boutiquiers. On a pu
dire pour l'époque "qu'en dehors du PC et des gaullistes il n'y avait rien". Et aujourd'hui en dehors de M Le Pen et de Macron qu'y a-t-il?. Le titre de l'excellent ouvrage de Jérôme Fourqet
"L'archipel français" pourrait être repris pour caractériser la gauche.
L'archipel de la gauche pourrait-on dire pour ajouter aussitôt, que faire, comment faire pour
retrouver la gauche perdue?
L'archipel de la gauche. La gauche n'est plus qu'un ensemble indéfinissable de
chapelles, sans liens entr'elles, chacune jalouse de son identité.
Les grandes forces traditionnelles sont divisées, épuisées. Le PC n'en finit plus de son
déclin depuis les années 1980. Le PS, ombre de lui même, suit le même chemin en accéléré et en est réduit au soutien d'une candidature écologiste en 2022. Les nouveaux partis ne font qu'illusion. La
France insoumise a perdu toute crédibilité et sa radicalité empêche tout rassemblement. Les écologistes, s'ils ont réussi en milieu urbain aux municipales, sont en échec ailleurs et
tellement divisés eux mêmes
Ce n'est pas mieux pour le mouvement syndical. Il n'y a aucun axe revendicatif partagé.
Tout cela s'est amplifié depuis 2017. On ne voit plus de revendications portées par un mouvement unitaire. Pire, on est pas loin de traiter les concurrents de traitres, et on est allé jusqu'à voir
des locaux syndicaux attaqués, signe d'un climat général délétère.
La crise sanitaire, le révèle encore davantage..
Quels sont les grands points de désaccords sur le fond, à gauche?. Ils sont
nombreux.
Il existe une tradition de divergences profondes qui viennent de loin et qu'il est impératif de résoudre, et vite, si l'on espère une gauche crédible. Je vois 5 thématique qui font
problème aujourd'hui
- Décroissance et productivisme. L'écologie dont l'importance est maintenant partagée,
reste pour des questions de tempo, de méthodes, un motif de clivage profond. Punitive pour les uns, très progressive pour les autres; décroissance indispensable pour les uns
productivisme aménagé pour les autres. L'enjeu est de réconcilier les classes populaires avec l'écologie.
- L' Europe. Les clivages sur l'Europe ont atteint leur paroxysme au moment du référendum
de 2005. A cette occasion on avait même vu les militants socialistes opter pour le oui et une fronde signée Fabius ne pas respecter la démocratie militante et prôner le "non". La crise actuelle rend
évidente l'idée d'une Europe puissance, comme les idées de souveraineté nationale perdue. Un compromis sera difficile.
- Le communautarisme, la laïcité. Les désaccords sont profonds. (Voir Article la gauche ne sait plus où elle habite). Ils ont été exprimés par H Peña-Ruiz affirmant au congrès de la
France insoumise un "droit d’être islamophobe". On observe parfois un "clientélisme anti Républicain" problématique dans certaines zones. En revenir à l'essentiel: c'est la loi qui fait nation, qui
fait le vivre ensemble, et non la foi.
- La sécurité. Le tournant opéré par Ségolène Royal en 2007 se réappropriant la
thématique de la sécurité avec son orientation sur "l'ordre juste “n’a pas été partagé et ne l'est pas encore aujourd'hui. La droite fait de la sécurité son fond de
commerce et relance outrancièrement cette thématique. Où sont les réponses à gauche?.
- La décentralisation véritable. La gauche reste embourbée dans une posture jacobine qui lui vient de loin. Elle a organisé, élargi le mille feuille
territorial en faisant des Communautés de communes un nouvel échelon. Une vraie décentralisation couplée à une véritable démocratie locale devrait donner corps aux bassins
d'emploi, aux bassins de vie.
Sur toutes ces thématiques, aujourd'hui, il y a bien des "gauches irréconciliables”. Et,
malheureusement, le seul recours possible au centre droit demeure l'extrême droite. La responsabilité des gauches est immense et le temps presse pour projet et porteur(euse) de
projet
La mutation de la gauche de gouvernement, en opposition constructive ne s'est pas faite, car après 3 ans
de Macronisme on en est toujours à trouver les meilleurs bons mots pour montrer que l'on est le meilleur opposant. Il faut faire Radical, plus radical que son voisin de gauche. Le PS n'échappe
pas à cet engrenage de la perte de crédibilité. Je partage l'éditorial de Caroline Fourest qui indique: " La seule gauche en position de détrôner le centre sera celle
qui dira non, clairement, aux dérives extrémistes."
En outre une large partie de la gauche n'a pas compris que même un rassemblement d'appareils, un cartel
c'est vraiment une soupe indigeste qui garantit la défaite.
Une présidentielle c'est une personnalité et un projet, concomitamment. Point de salut
pour l'espérance si ceci n'est pas réalisé. C'est la seule façon de retrouver la gauche perdue.
Quand on observe le paysage, on est loin d'être rassuré. A cet égard la rentrée 2020 devra apporter une
réponse, sinon la configuration de 2017 se répétera.
Jean
Claude Hiquet 11-08-2020