La butte aux cailles
C'est probablement le quartier de Paris, qui, plus que tout autre, à conservé une architecture, une ambiance très proche de ces quartiers populaires du début du XXème siècle.
Pendant la commune "la butte" était peu habitée. Elle dominait la Bièvre. C'est là que des combats très durs se déroulèrent les 25 et 26 mai 1871.
Ce quartier a pu par miracle, aujourd'hui, garder un aspect village avec des bâtisses ne dépassant pas 2 ou 3 étages, cernées par les immeubles du 13ème arrondissement.
On y trouve de nombreux noms qui évoquent la Commune.
Il est bon d'y aller par la rue du Moulin des près, que l'on prend du Boulevard Auguste Blanqui. C'est une rue qui traverse le quartier. Elle permettait d'accéder aux nombreux moulins qui autrefois
utilisaient la Bièvre. On accède ainsi à la place Paul Verlaine. De là on peut flaner rue de la butte aux cailles ou emprunter les rues adjacentes jusquà la "Place de la Commune". On y
trouvera de nombreux établissements populaires comme "Le temps des cerises","Le merle moqueur" ou aussi le restaurant de "L'espérance".
On a parfois identifié à tort la chanson "La butte rouge" à ce quartier. En fait le texte attribué à Montéhus relate un épisode sanglant de la guerre de 14.
La butte aux cailles a gardé vivace la mémoire de la commune, des fêtes celébrant cet épisode y sont
régulièrement organisées.
C'est un quartier populaire et vivant. Le Routard indique que s'il fut autrefoisun repaire de malfrats " ...c'est aujourd'hui la jeunesse qui tient le haut du pavé et anime le
quartier. D'où cette multiplication de bistrots branchés, pas chers, ouverts à la fête jusque tard dans la nuit"
Jean
Claude Hiquet 9 mai 2021
Auguste Blanqui
Blanqui a 66 ans en 1871. Il est un des animateurs de la 1ere internationale crée en 1864.
Louis-Auguste Blanqui prend part aux différents mouvements anti-monarchistes, dont la Révolution de 1830, à la tête de plusieurs sociétés secrètes ou associations. Il est arrêté et emprisonné à plusieurs reprises.
Après avoir participé à la Révolution de 1848, Louis-Auguste Blanqui est à nouveau incarcéré jusqu'en 1859
Plusieurs fois arrêté il sera même surnommé "l'enfermé". (35 années de sa vie en prison). Il défend pour l'essentiel les mêmes idées que le mouvement socialiste du XIXe siècle.
Blanqui est effondré par la défaite de 1870. Il écrira: "...des préparatifs sérieux, faits à temps, nous assuraient la victoire, et on s'est croisé les bras, par conviction de leur inutilité, comment ne pas rester anéanti de douleur et de rage...
Le 8 décembre, il est obligé d'abandonner son journal, “La Patrie en danger" qui disparaît alors.
La disette est rude à Paris, où les citoyens sont conduits à manger les chevaux, les chats, les chiens, et même les rats.
Il ne soutient que du bout des lèvres certaines actions des insurgés.
Le 8 février 1871, l'Assemblée nationale est élue ; Blanqui n'est pas élu. Il accuse, dans un pamphlet intitulé "Un dernier mot", le gouvernement de "haute trahison et d'attentat contre l'existence
même de la nation".
La commune, véritable prise de pouvoir à Paris par près de 250000 gardes nationaux était en réalité menée par les Blanquistes. Ils
étaient en majorité au comité central.
Mais le 9 mars, Blanqui avait été condamné à mort par contumace. Adolphe Thiers, chef du gouvernement, conscient de l'influence de Blanqui sur le mouvement social parisien, le fait
arrêter le 17 mars 1871 alors que, malade, il se repose, dans le Lot
L'archevêque de Paris Mgr Darboy est otage des insurgés. Une transaction est proposée: Blanqui en échange de quoi les communards libéreront les otages (des religieux et un sénateur).. Thiers refuse de souscrire à cette proposition
Marx écrira " La commune à plusieurs reprises avait offert d'échanger l'Archevêque de Paris avec des prêtres contre le seul Blanqui, alors aux mains de Thiers. Thiers obstinément refusait. Il savait qu'avec Blanqui il donnerait une tête à la commune."
L'autorité de Blanqui était indiscutée tandis que pas un des chefs militaires de la commune n'a pu gagner un ascendant
suffisant. il avait été élu comme tête de liste dans de nombreux quartiers alors qu'il était détenu hors de Paris. Une majorité de « Communards » se reconnaissaient en Blanqui
Condamné à la déportation, mais incarcéré pour raison de santé, il est libéré en 1879.
Clemenceau, le 21 février 1879, intervient à l'assemblée pour que l'amnistie soit étendue à lui, disant de Blanqui qu'il est un « ferme républicain ». Il sera même élu député de Bordeaux mais empêché d'exercer son mandat car non amnistié en 1879. Il publiera son journal "Ni Dieu ni maître" encore référence pour nombre de militants anarchistes. Il décédera en 1881 au 25 boulevard Auguste Blanqui à deux pas de la "Butte aux cailles" quartier haut lieu de la Commune.
Jean Claude Hiquet 20-04-2021
Conseils donnés aux citoyens au moment de voter pour choisir leurs représentants
« Citoyens,
Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous,
vivant votre vie, souffrant des mêmes maux.
Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables.
Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un beau discours, à un effet oratoire ou à mot spirituel. Evitez également ceux que la fortune a
trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère.
Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos
suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter.
Citoyens, Nous sommes convaincus que si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se
considèrent jamais comme vos maîtres.
Le Comité Central de la Garde Nationale »
Extrême dureté des combats dans Paris
L’affiche nous informe de l’existence de tireurs embusqués, complices des versaillais. Elle témoigne de la dureté des combats, qui se déroulent rue par rue, maison par
maison. Elle émane du Comité de Salut Public, constitué le 1er mai pour coordonner la lutte contre Versailles.
JCH 13-05-2021
La commune, une guerre civile inévitable?
Elle est devenue sans doute inévitable à cause de la radicalité extrême des hommes et de la violence de la situation.
Plusieurs personnalités ont voulu chercher une médiation. Il y eut Clémenceau le Maire de Montmartre le 18 mars. Mais
l'engrenage était tel que rien ne fut possible. Le refus de tout compromis par Thiers refusant d'échanger les otages avec Blanqui, a précipité le drame.
Au fil des jours, un engrenage mortifère s'est mis en place. La soif de justice est devenue désir de vengeance, la soif d'ordre et de soumission du peuple est
devenue répression et tuerie pour l'exemple. On a tué pour tuer pendant la semaine sanglante.
L'appel pressant intitulé "Manifeste de la Franc-Maçonnerie" (Voir ci contre) n'a pas eu de suites.
Des hommes, tel Jules Vallès, auraient souhaité éviter l'inexorable. Rien n'a pu enrayer la spirale infernale de la répression pour l'exemple. Les responsabilités sont à chercher à Versailles chez
Adolphe Thiers.
L'épopée de la commune restera gravée dans la mémoire du mouvement ouvrier comme un fil rouge alimentant la réflexion et comme un moment de notre histoire
à honorer.
Jean Claude Hiquet 9 mai 2021
Ecrivains et Commune de Paris
"...C'est la canaille
Et bien! J'en suis! " Refrain populaire
Les écrivains que l'on retrouve dans les livres de classe ont réagi pendant la Commune.
Ceux pour qui la poésie c'est l'émancipation et la liberté ont pour nom Jule Vallès, JB Clément, Eugène Pottier, Louise Michel, Verlaine, Rimbaud, Hugo, ... etc.
En ce temps des poètes étaient ministres: aux munitions Clément l'auteur du "Temps des cerises"; aux Beaux Arts Courbet le peintre du peuple; à l'information Verlaine. JCH 7/05/2021 Suite ci dessous
ELLE N’EST PAS MORTE ! Eugène Pottier
On l’a tuée à coups de chassepot,
À coups de mitrailleuse
Et roulée avec son drapeau
Dans la terre argileuse.
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyait la plus forte.
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte.
Tout ça n’empêche pas Nicolas
Qu’ la Commune n’est pas morte !
Comme faucheurs rasant un pré,
Comme on abat des
pommes,
Les Versaillais ont massacré
Pour le moins cent mille hommes.
Et les cent mille assassinats,
Voyez ce que ça rapporte.
Tout ça n’empêche pas Nicolas
...
Ils ont fait acte de bandits,
Comptant sur le silence.
Achevés les blessés dans leur lit,
Dans leur lit d’ambulance
Et le sang inondant les draps
Ruisselait sous la porte.
Tout ça n’empêche pas Nicolas
...
Les journalistes policiers,
Marchands de calomnies,
Ont répandu sur nos charniers
Leurs flots d’ignominie.
Les Maxim’ Ducamp, les Dumas
Ont vomi leur eau-forte.
Tout ça n’empêche pas Nicolas
...
C’est la hache de Damoclès
Qui plane sur leurs têtes.
À l’enterrement de Vallès,
Ils en étaient tout bêtes
Fait est qu’on était un fier tas
À lui servir d’escorte
C’ qui prouve en tous cas Nicolas,
...
Bref tout ça prouve au
combattant
Qu’ Marianne a la peau brune,
Du chien dans l’ ventre et qu’il est temps
D’crier vive la Commune !
Et ça prouve à tous les Judas
Qu’si ça marche de la sorte
Ils sentiront dans peu nom de Dieu,
Qu’la Commune n’est pas morte.
Ils sentiront dans peu nom de Dieu,
Qu’la Commune n’est pas morte !