« Toute société qui n'est pas éclairée par des philosophes prend le risque d'être trompée par des charlatans. » Condorcet
Le congrès de Tours de la SFIO en 1920: Fondation de la Section française de l'internationale communiste qui deviendra le
PCF.
En 1920 le congrès des socialistes ( Parti appelé SFIO: Section Française de l'internationale ouvrière) s'est tenu
à Tours du 25-12 au 30-12.
Celui dit du "Globe" avait été celui de l'unité des socialistes en 1905 avec la fondation de la SFIO, par la fusion du Parti socialiste français de Jean Jaurès et du Parti socialiste
de France de Jules Guesde. La SFIO est une section de la 2eme internationale (fondée à Paris en 1889) qui coordonne les actions de 27 partis socialistes. Elle rassemble toutes
les tendances et toutes les nuances du mouvement socialiste.
La 2ème internationale fut non seulement impuissante à éviter la guerre mais participa à des gouvernements dits "d'union sacrée".
Mandat était donné de contacter, durant l'été 1920, les nouveaux responsables de la révolution russe pour négocier une adhésion à la 3éme internationale fondée par Lénine en 1919.
C'est dans ce cadre que s'ouvre donc, à Noël 1920, le congres de Tours de la SFIO dans un contexte brulant, avec des débats passionnées, et des votes qui vont aboutir à une rupture à gauche qui perdurera tout au long du siècle qui nous sépare de 1920.
Un contexte extrêmement lourd
En 1914 les 100 députés socialistes votent pour la première fois les crédits de guerre. Persuadée que le conflit ne durera que quelques semaines, l’Assemblée est unanime. Les socialistes Jules Guesde, Marcel Sembat et Albert Thomas acceptent d’entrer au gouvernement pour la première fois dans l’histoire du parti. Ce sera vécu comme une trahison qui alimentera les débats de 1920.
Lors des législatives la SFIO perd le tiers de ses députés. Les radicaux partisans de Lénine et de la révolution
bolchévique représentent alors 40 % du parti.
Il y a beaucoup de luttes contre la vie chère. Les anciens soldats qui retournent à la vie civile ont beaucoup de difficultés à se réintégrer.
Il y a plusieurs grèves très importantes en 1920. La journée de 8h est obtenue. Mais la répression est très forte, et il est décidé un licenciement, de 15 000 cheminots. Au printemps 1920, !'accusation de présomption d'un complot bolchevique contre la sûreté de l’État est créée de toutes pièces par le gouvernement. Cela aboutit à l'emprisonnement des principaux dirigeants syndicaux et socialistes de l'aile gauche.
Tout ceci pèsera sur le congrès de Tours
Les 21 conditions pour adhérer à la 3ème internationale
Ambiance à Tours, où près de 300 délégués se retrouvent en plein centre ville, salle du "Manège", derrière la banderole " Prolétaires de tous les pays unissez vous", entonnant chants révolutionnaires ou slogans plus radicaux les uns que les autres.
Les membres de la SFIO arrivent au Congrès divisés en trois camps distincts : à "gauche", les partisans d’une adhésion totale à l’Internationale communiste crée à Moscou; au "centre" les adeptes d’une renégociation des "21 conditions" de Moscou ; à "droite", les défenseurs du retour à la deuxième Internationale
Le débat principal porta donc sur les 21 conditions, à prendre ou à laisser que le
PC d'URSS imposait, pour adhérer à la 3ème internationale "révolutionnaire". Certaines conditions étaient inacceptables par les minoritaires socialistes:
+ la première indique que l'action politique est subordonnée à l'internationale communiste
+ La seconde préconise l'élimination des éléments réformistes et centristes au sein du pari
+ La 9ème prévoit des groupes communistes qui doivent noyauter les syndicats, soumis au parti.
+ La 12ème prône le centralisme démocratique et un fonctionnement disciplinaire.
Une 22e condition, rajoutée au congrès de 1922, interdit toute adhésion à la franc-maçonnerie, jugée « bourgeoise ».
Le débat fut virulent.
Il est porté par l'espoir suscité par la "révolution" russe, pour la majorité des socialistes. Ils préconisent un parti nouveau, discipliné, qui accepte les 21 conditions.
Marcel Cachin dira: "On nous demande de constituer un parti vigoureux et fortement discipliné. Les Russes l'ont fait chez eux ; ils nous ont donné l'exemple qu'il faudra suivre [...].
Nous avons le devoir de modifier d'urgence les statuts de notre Parti, et d'imposer à nos élus comme à nos militants, à tous ceux qui prétendent servir utilement et totalement le Parti, des devoirs
précis, stricts, sévères." Le ton est donné avec l'exemple à suivre, cette "grande lueur à l’Est", pour reprendre les mots de Jules Romain.
Voulant renégocier les 21 conditions Jean Longuet petit fils de Karl Marx martèle "Nos camarades russes […] ont conçu une Internationale qui n’est pas une Internationale du prolétariat de tous les pays. Mais une Internationale spécifiquement russe, avec des conceptions russes, une discipline russe et qui n’est pas adaptable aux autres pays". Il restera dans la minorité.
L'autre minorité avec Léon Blum et Jules Guesde, refuse quant à lui catégoriquement le programme de l’Internationale communiste. Ces figures qui avaient défendu l’Union sacrée lors de la Première Guerre mondiale se battent pour maintenir la SFIO dans la Deuxième Internationale. Léon Blum dénonce avec lucidité l'illusion d'une révolution violente dans le contexte français et le caractère totalitaire de l'Internationale communiste. Et de conclure avec émotion : « Pendant que vous irez courir l'aventure, il faut que quelqu'un reste garder la vieille maison ».
Le 30 décembre 1920, les votes se déroulent sans surprises.
L'adhésion à la 3ème internationale, fondée par Lénine en 1919, est adoptée par les 3/4 des votants.
Les minoritaires rassemblés autour de Léon Blum quittent le Congrès, laissant la salle à la majorité communiste victorieuse. Ils garderont l'ancienne appellation
SFIO.
Les vainqueurs du Congrès de Tours fondent la Section française de l’Internationale communiste (SFIC), qui deviendra rapidement
Parti communiste français (PCF). Ce nouveau parti gardera le journal de la SFIO "l'humanité"
En réalité, la motion finale majoritaire stipule notamment que si le Parti français s'engage à respecter les décisions de l'Internationale Communiste, il reste le meilleur juge de la
situation politique française. Cette ambiguïté sera rapidement la source de conflits internes entraînant dans les années 1920 de nombreuses démissions ou
radiations.
Les conséquences du programme de la 3ème internationale furent terrible jusqu'à l'implosion de l'URSS en
1989.
La logique de la "Révolution" d'octobre en Russie entraîna rien moins que le totalitarisme du régime stalinien. Les PC occidentaux n'ont pas su ou voulu voir des son début cette
évolution. Ce fut le désarroi total et la colère, de nombre de militants communistes désemparés. Il faut lire "Autocritique" d'Edgar Morin ou "On chantait rouge" de Charles Tillon
ancien ministre du Général de Gaulle, sur ces sujets sans oublier la lettre d'Aimé Césaire à Maurice Thorez. Il y a de très nombreux ouvrages mais aussi le film monumental de Costa Gavras " l'Aveu".
Quoi qu'il en soit, la rupture, lors du congrès de Tours, annonce tout au long du XXème siècle une série de luttes fratricides ou de fractures à gauche. Nous les traiterons dans une seconde partie.
Jean Claude Hiquet 29-12-2020
Le meurtrier de Jaurès acquitté.
Un épisode tragique pour le mouvement ouvrier. Voilà un siècle,le 29-03-1919, l'assassin de Jaurès est acquitté. C'est le procés des idées de Jaurès qui a été instruit à l'audience et non celui de l'assassin. Ce dernier, Raoul Villain, a été exécuté à Ibiza par des anti franquistes en 1939. On pourra lire ici un article publié par la fondation Jean Jaurès ains que celui du site "the conversationé". JCH 01-04-2019.
1968, l’année de tous les possibles en France et en
Europe
Photo Sud Ouest. Article Sauvons l'Europe
Nous avons vécu les évènements de 1968 en France, beaucoup d’entre nous s’en souviennent, mais aussi en Europe et dans le reste du monde, les peuples ont bougé, se sont révoltés, se sont exprimés.
Ces « anniversaires » sont aussi l’occasion de transmettre la mémoire des formidables moments vécus en direct, aux générations d’aujourd’hui, pas par nostalgie, mais pour l’Histoire et pour continuer d’écrire ces belles pages des peuples libres de manière intergénérationnelle. Mais quel était le contexte politique français et européen ? Lire la suite
Mai 1968 - mai 2018 : pas d'amalgame ! Editorial de Julliard dans Marianne du 04/05-2018.
Et "Sud Ouest" a préparé un dossier sur les événements dans la région. C'est ici.
Edmond Maire est décédé ce premier Octobre.
Ancien secrétaire général de la CFDT. Un "immense Syndicaliste", celui qui à su mettre en chantier un syndicalisme ouvert, tolérant, moderne. Défenseur de l'autogestion dans les années 1970, il a affirmé la nécessité d'un mouvement ouvrier indépendant, mais fidèle à cette gauche à laquelle il a fortement aidé à donner un sens. Il a contribué avec Michel Rocard aux assises du socialisme de 1974 ouvrant la voie à l'unité de la gauche puis à la victoire de 1981. Chacun se souviendra de son intervention aux Invalides rendant hommage à Rocard son complice de toujours. Leur combat est plus que jamais d'une brulante actualité.
Jean Claude Hiquet
Rocard: Un militant honneur de la gauche si actuel, si mal aimé.
Que restait-il aux militants de 1968, que restait-il pour peu que l'on veuille transformer la
société?......
- L'extrême
gauche? J'avais bien
assisté peu enthousiaste à un stage de la ligue communiste. La lecture collective de Trotski était un passage obligé. Endoctrinement donc et enfumage. Quel sectarisme?
C'était Rocard
Jean Paul Huchon livre son regard sur Rocard . Il est pertinent tant Rocard est d'actualuité.Il fut visionnaire en 1993 lorsqu'il parla de "Big-Bang" pour un PS qui devait se dépasser. Le PS ne l'a pas fait, les citoyens l'ont fait pour lui dans les urnes.
Macron , mais comme d'autres , se réclame de Rocard. Au soir de son élection, il écrivit la préface: " Pour la "deuxième gauche" qu'il incarne, le rôle de l'Etat n'est plus de dicter le changement, mais de l'organiser. .. Dès les années 1960 Rocard en appelle à la décentralisation et à ce qu'il nomme "la diffusion des responsabilités"....et il conclut "Soyons fidèle à Michel Rocard! Le bel ouvrage de JP Huchon nous y incite avec force.". JCH. 06-07-2017.